Mason massacre : l’art contemporain à son âge de pierre
C’est la grande tendance de la rentrée : tandis que Jeff Koons expose ses kitscheries au flamboyant château de Versailles, une seconde manifestation culturelle – plus discrète – propose ce même choc entre tradition et modernité. Une rencontre improbable entre le Palais de Tokyo et le Château de Fontainebleau.
Vaste palais aux exceptionnels décors de la Renaissance, du XVIIe, du XVIIIe et du XIXe siècle, déployant ses 1500 pièces à partir d’un château médiéval fondé avant le XIIe siècle, le château de Fontainebleau a été la résidence favorite de tous les souverains ayant régné sur la France jusqu’à la chute du Second Empire.
Bâtisse construite en 1937, le Palais de Tokyo a abrité le Musée National d’art moderne jusqu’en 1977 et depuis 2002, un centre d’art contemporain qui présente l’avant-garde de la jeune création française et internationale sur près de 4000 m² de surface d’exposition.
Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau est plus qu’une simple exposition, il s’agit d’une véritable résidence du Palais de Tokyo qui se déplace tout entier avec ses collections, pour s’installer au château de Fontainebleau, orchestré par son directeur, Marc-Olivier Wahler. Les artistes exposés sont Etienne Bossut, Jeremy Deller, Dewar et Gicquel, Daniel Firman, Urs Fischer, Luca Francesconi, Roman Signer et Ceal Floyer, Fabrice Gygi, Henrik Plenge Jacobsen, Jonathan Monk, Gianni Motti, Werner Reiterer, Arcangelo Sassolino, Unabomber.
L’oeuvre de Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Mason massacre, sera sans nul aucun doute le plus gros buzz de cette fin d’année pour le milieu de l’art contemporain : une Ferrari Testarossa pétrifiée de marbre – fossile de luxe ou vestige de notre société consumériste – pièce maîtresse de l’exposition qui ornera les jardins à la française du château elle sera probablement l’une des pièces les plus remarquées de la Fiac à Paris en octobre, mais aussi de la Force de l’art, en mai 2009 au Grand Palais. Hervé Loevenbruck, le marchand qui soutient le tandem artistique depuis toujours avec d’autres talents émergents de la scène française, peut se frotter les mains : convoitée par une liste d’attente de collectionneurs , cette Ferrari emblématique est estimé entre 150 000 à 200 000 euros.
Masson Massacre a nécessité des mois de travail au deux artistes, brièvement résumé dans cette vidéo de une minute. Inventifs, ces deux sculpteurs produisent peu de pièces et travaillent tous les matériaux, sans limite. Ils manient avec la même aisance l’aiguille et le marteau-piqueur. À la fois artisanales et industrielles, leurs sculptures révèlent autant la fragilité que la démesure. A noter que Mason Massacre ainsi que les deux autres sculptures monumentales en marbre ont été réalisées durant leur résidence aux collections de SaintCyprien en 2007/2008.